Qu’est-ce que c’est le Blind Baseball
Le sport d’équipe est un puissant palliatif à la malvoyance. Le baseball pour aveugles et malvoyants existe depuis 2009 en France.
Le sport peut répondre à plusieurs défis des déficients visuels. Un sport exige un régime physique et alimentaire qui mène à une bonne santé.
Dans le cas des déficients visuels, le sport intègre la personne dans la gestion de l’espace. Les efforts de mémorisation et temporisation aident le déficient visuel dans son quotidien. Les efforts physiques améliorent sa santé, sa respiration et sa digestion.
Par le sport les déficients visuels sortent de chez-eux. Ils acquièrent confiance en eux-mêmes. Le contact et, encore mieux, la compétition avec d’autres déficients visuels, agit sur de multiples conséquences physiques et psychiques de la malvoyance. L’appartenance à une équipe sportive est un excellent moyen de faire éclore un être complet et à l’aise dans son environnement.
Mais les parents, et même certains médecins, ont tendance à répéter « danger », « il ne faut pas se blesser », « restez sage », « ne fait pas ci, ne fait pas ça », … Le déficient visuel qui pratique un sport répondrait « Liberté » !
Un sportif qui court, qui tombe, qui salit son uniforme, qui se blesse pour son équipe, est une personne entière, et une victoire dans la thérapie.
Le Blind Baseball requit diverses qualités : de la puissance pour frapper la balle, de la vitesse pour courir entre les bases, l’aptitude à travailler en équipe de défense pour arrêter la balle frappée et de la force dans les bras pour lancer. Comme il n’y a pas de contact en Blind Baseball, ce sport convient à tous.
L’entraînement est long mais sans danger. C’est un processus d’acquisition de mouvements peu naturels pour un déficient visuel.
La frappe est peut-être la plus difficile. On tient la balle d’une main et on frappe avec la batte de l’autre main. La balle est creuse et contient des grelots.
Courir entre les bases est l’acte la plus libérateur pour un déficient visuel. Courir à pleine vitesse vers une base sonore exige gestion de l’espace et concentration. Ces qualités sont d’une très grande valeur dans le quotidien du déficient visuel.
En défense, plonger par terre pour arrêter la balle frappée, en coordination avec ses co-équipiers est une étape de plus dans la libération du déficient visuel de son isolement ainsi que dans son développement individuel et social car il lui faut communiquer avec ses co-équipiers pour trouver et ramasser la balle.
Le geste de lancer la balle vers le défenseur voyant exige un long apprentissage : développement musculaire, coordination des mouvements du corps tout entier, afin que la balle arrive pile dans le gant du défenseur.
Le travail en équipe, les entraînements et les matchs réguliers sont des éléments importants dans la socialisation des déficients visuels. Unir une équipe de déficients visuels, au même endroit et à l’heure, est au début un défi pour les entraineurs. Peu à peu ces activités deviennent une partie du quotidien du déficient visuel.
L’entraînement à la batte peut durer tout l’hiver en gymnase. Le développement musculaire du torse est favorisé par l’utilisation de salles de musculation et par les exercices avec haltères. En baseball pour voyants on parle de la coordination « œil / main », en blind baseball on dit plutôt « oreille / main ». La balle doit rebondir au moins une fois avant d’arriver dans le territoire des défenseurs. Les plus forts, capables de frapper la balle à plus de 67 mètres, sont récompensés par un tour de circuit gratuit, un « homerun ». Cet exercice développe la gestion de l’espace. Il faut frapper la balle avec précision vers une cible éloignée en utilisant tous ses sens. Ce sont des qualités d’une grande utilité dans la vie de tous les jours pour le déficient visuel.
Le batteur doit courir pour attendre la deuxième base avant que la défense ramasse la balle et la renvoie au défenseur voyant en deuxième base. C’est une course d’une cinquantaine de mètres. Pour ce faire, la première base est une base sonore qui signale au coureur où il doit tourner pour attendre la deuxième base. Un coach en deuxième base guide le coureur par des clapets pour lui indiquer où s’arrêter. Cette action demande une mémorisation du terrain et une attention aiguë aux signaux sonores.
L’acte de courir pour un déficient visuel est une déclaration d’indépendance. Les joueurs décrivent eux-mêmes la sensation de liberté qu’ils ressentent lors de leur course autour des bases, sans guide à leur côté. Ils gagnent une immense confiance en soi.
En défense chaque joueur a un territoire bien défini à défendre. Aucun balle ne doit entrer ni sortir. La geste essentiel à apprendre c’est « la banane ». Le défenseur se jette par terre les bras étendus vers la haut afin d’arrêter la balle frappée. Si la balle va à gauche ou à droite ou le dépasse, il communique avec ses co-équipiers la direction de la balle. Bien défendre son territoire exige d’être attentif aux qualités du batteur adverse. Est-ce que le batteur a tendance à frapper à gauche ou à droite ? Est-ce que sa frappe est forte ou lente ? Est-ce que tous les défenseurs suivent ?
La défense est une action sociale coordonnée par les déficients visuels eux-mêmes, sans l’assistance d’aucun voyant. Les défenseurs apprennent à travailler ensemble et à compter les uns sur les autres.
Une fois la balle ramassée par un défenseur, celui-ci doit l’envoyer au défenseur voyant sur la deuxième base qui crie « Deux, Deux » pour indiquer la bonne direction. Ceci s’appelle un relais ou un lancer. Le relais demande de la force dans poignets, mais aussi dans les deux bras, les épaules, le torse, le bassin et les jambes. Effectuer un relais de 30 mètres pour un déficient visuel qui n’a jamais vu tous ces mouvements du corps demande beaucoup d’entraînement. Faire le relais dans la bonne direction exige une bonne gestion de l’espace du terrain et une bonne acuité sonore.
Le Blind Baseball consiste en quatre actions de base : la frappe, la course, la défense et le relais. Leur maitrise, individuelle et en équipe, fait du Blind Baseball un vrai sport de compétition.
Le plus grand travail consiste à sensibiliser le public, les voyants, au fait que le sport est pour tous, et que rien n’empêche nos amis en situation de handicap de participer à des sports de loisir, de compétition et même aux jeux Paralympiques. Je compte sur vous pour faire passer le message.